En 1963, Ivar Serejski, âgé de 23 ans débutait sa carrière au Burundi comme ingénieur agronome au service de l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi (ISABU). Avec son épouse Nadine il a vécu sept ans en brousse dans la province de Muramvya en bordure de la forêt de la Kibira, où il a dirigé un projet d’aménagement de la première plantation de cinq cents ha de thé au Burundi. Ses deux enfants, Eric et Karin, sont nés pendant son séjour. À plus de deux mille deux cents mètres d’altitude, il a exercé son travail dans cette foret secondaire d’une grande richesse végétale et abritant plusieurs familles de chimpanzés, de babouins, cercopithèques et colobes noirs défiant toutes les lois de l’équilibre. Il a dirigé plus de deux mille travailleurs, a été le témoin de drames humains occasionnés par les conditions de travail pénibles et souvent dangereuses, de massacres barbares lors des coups d’états, et a côtoyé la mort. De 1971 à 1974, il a dirigé une station expérimentale de recherche agronomique dans la plaine de l’Imbo. Au cours de cette période, il a probablement été un des rares témoins des exactions terribles commises lors du coup d’état de 1972. Il vous compte aussi comment en quelques secondes il a pris une décision qui devait sauver la vie d’un de ses collaborateurs tout en sachant pertinemment qu’il mettait sa propre vie en danger. Malgré les difficultés rencontrées au cours de son expatriation et les moments tragiques dont il a été le témoin, il a quitté avec sa famille le Burundi en 1974 non sans un pincement au cœur mais aussi avec le sentiment d’un devoir accompli et perceptible en matière de développement rural. Par la suite, il est revenu au Burundi à plusieurs reprises. Le Burundi restera à jamais pour son épouse et pour lui le pays où ils ont vécu les plus belles années de leur vie.