LE LIVRE DE LA PITIÉ ET DE LA MORT
La vision dont je vais parler n'a peut-être pas eu, comme durée
réelle, plus de quelques secondes, car elle m'a paru à moi-même fort
courte.
La première image s'est éclairée en deux ou trois fois, par saccades
légères, comme si, derrière un transparent, on remontait par petites
secousses la flamme d'une lampe.
D'abord une lueur indécise, de forme allongée,--attirant l'attention
de mon esprit au sortir du plein sommeil, de la nuit et du non-être.
Puis la lueur devient une traînée de soleil, entrant par une fenêtre
ouverte et s'étalant sur un plancher. En même temps, mon attention,
plus excitée, s'inquiète tout à coup; vague ressouvenir de je ne sais
quoi, pressentiment rapide comme l'éclair de quelque chose qui va me
remuer jusqu'au fond de l'âme.
Cela se précise: c'est le rayon d'un soleil du soir, venant d'un
jardin sur lequel cette fenêtre donne;--jardin exotique où, sans les
avoir vus, je sais à présent qu'il y a des manguiers. Dans cette
traînée lumineuse sur le plancher, l'ombre d'une plante, qui est
dehors, se découpe et tremble doucement,--l'ombre d'un bananier...
Et maintenant les parties relativement obscures s'éclairent;--dans la
pénombre, les objets se dessinent,--et je vois tout, avec un
inexprimable frisson!
Rien que de très simple pourtant; un petit appartement dans quelque
maison coloniale, aux murs de bois, aux chaises de paille. Sur une
console, une pendule du temps de Louis XV, dont le balancier tinte
imperceptiblement. Mais j'ai déjà vu tout cela et j'ai conscience de
l'impossibilité où je suis de me rappeler où, et je m'agite avec
angoisse derrière cette sorte de voile ténébreux qui est tendu à un
point donné dans ma mémoire, arrêtant les regards que je voudrais
plonger au delà, dans je ne sais quel recul plus profond.
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réelle, plus de quelques secondes, car elle m'a paru à moi-même fort
courte.
La première image s'est éclairée en deux ou trois fois, par saccades
légères, comme si, derrière un transparent, on remontait par petites
secousses la flamme d'une lampe.
D'abord une lueur indécise, de forme allongée,--attirant l'attention
de mon esprit au sortir du plein sommeil, de la nuit et du non-être.
Puis la lueur devient une traînée de soleil, entrant par une fenêtre
ouverte et s'étalant sur un plancher. En même temps, mon attention,
plus excitée, s'inquiète tout à coup; vague ressouvenir de je ne sais
quoi, pressentiment rapide comme l'éclair de quelque chose qui va me
remuer jusqu'au fond de l'âme.
Cela se précise: c'est le rayon d'un soleil du soir, venant d'un
jardin sur lequel cette fenêtre donne;--jardin exotique où, sans les
avoir vus, je sais à présent qu'il y a des manguiers. Dans cette
traînée lumineuse sur le plancher, l'ombre d'une plante, qui est
dehors, se découpe et tremble doucement,--l'ombre d'un bananier...
Et maintenant les parties relativement obscures s'éclairent;--dans la
pénombre, les objets se dessinent,--et je vois tout, avec un
inexprimable frisson!
Rien que de très simple pourtant; un petit appartement dans quelque
maison coloniale, aux murs de bois, aux chaises de paille. Sur une
console, une pendule du temps de Louis XV, dont le balancier tinte
imperceptiblement. Mais j'ai déjà vu tout cela et j'ai conscience de
l'impossibilité où je suis de me rappeler où, et je m'agite avec
angoisse derrière cette sorte de voile ténébreux qui est tendu à un
point donné dans ma mémoire, arrêtant les regards que je voudrais
plonger au delà, dans je ne sais quel recul plus profond.
LE LIVRE DE LA PITIÉ ET DE LA MORT
La vision dont je vais parler n'a peut-être pas eu, comme durée
réelle, plus de quelques secondes, car elle m'a paru à moi-même fort
courte.
La première image s'est éclairée en deux ou trois fois, par saccades
légères, comme si, derrière un transparent, on remontait par petites
secousses la flamme d'une lampe.
D'abord une lueur indécise, de forme allongée,--attirant l'attention
de mon esprit au sortir du plein sommeil, de la nuit et du non-être.
Puis la lueur devient une traînée de soleil, entrant par une fenêtre
ouverte et s'étalant sur un plancher. En même temps, mon attention,
plus excitée, s'inquiète tout à coup; vague ressouvenir de je ne sais
quoi, pressentiment rapide comme l'éclair de quelque chose qui va me
remuer jusqu'au fond de l'âme.
Cela se précise: c'est le rayon d'un soleil du soir, venant d'un
jardin sur lequel cette fenêtre donne;--jardin exotique où, sans les
avoir vus, je sais à présent qu'il y a des manguiers. Dans cette
traînée lumineuse sur le plancher, l'ombre d'une plante, qui est
dehors, se découpe et tremble doucement,--l'ombre d'un bananier...
Et maintenant les parties relativement obscures s'éclairent;--dans la
pénombre, les objets se dessinent,--et je vois tout, avec un
inexprimable frisson!
Rien que de très simple pourtant; un petit appartement dans quelque
maison coloniale, aux murs de bois, aux chaises de paille. Sur une
console, une pendule du temps de Louis XV, dont le balancier tinte
imperceptiblement. Mais j'ai déjà vu tout cela et j'ai conscience de
l'impossibilité où je suis de me rappeler où, et je m'agite avec
angoisse derrière cette sorte de voile ténébreux qui est tendu à un
point donné dans ma mémoire, arrêtant les regards que je voudrais
plonger au delà, dans je ne sais quel recul plus profond.
réelle, plus de quelques secondes, car elle m'a paru à moi-même fort
courte.
La première image s'est éclairée en deux ou trois fois, par saccades
légères, comme si, derrière un transparent, on remontait par petites
secousses la flamme d'une lampe.
D'abord une lueur indécise, de forme allongée,--attirant l'attention
de mon esprit au sortir du plein sommeil, de la nuit et du non-être.
Puis la lueur devient une traînée de soleil, entrant par une fenêtre
ouverte et s'étalant sur un plancher. En même temps, mon attention,
plus excitée, s'inquiète tout à coup; vague ressouvenir de je ne sais
quoi, pressentiment rapide comme l'éclair de quelque chose qui va me
remuer jusqu'au fond de l'âme.
Cela se précise: c'est le rayon d'un soleil du soir, venant d'un
jardin sur lequel cette fenêtre donne;--jardin exotique où, sans les
avoir vus, je sais à présent qu'il y a des manguiers. Dans cette
traînée lumineuse sur le plancher, l'ombre d'une plante, qui est
dehors, se découpe et tremble doucement,--l'ombre d'un bananier...
Et maintenant les parties relativement obscures s'éclairent;--dans la
pénombre, les objets se dessinent,--et je vois tout, avec un
inexprimable frisson!
Rien que de très simple pourtant; un petit appartement dans quelque
maison coloniale, aux murs de bois, aux chaises de paille. Sur une
console, une pendule du temps de Louis XV, dont le balancier tinte
imperceptiblement. Mais j'ai déjà vu tout cela et j'ai conscience de
l'impossibilité où je suis de me rappeler où, et je m'agite avec
angoisse derrière cette sorte de voile ténébreux qui est tendu à un
point donné dans ma mémoire, arrêtant les regards que je voudrais
plonger au delà, dans je ne sais quel recul plus profond.
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Product Details
BN ID: | 2940013196667 |
---|---|
Publisher: | SAP |
Publication date: | 08/03/2011 |
Sold by: | Barnes & Noble |
Format: | eBook |
File size: | 110 KB |
Language: | French |
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